LA CREATION DE VALEUR AU SENS LARGE

La durabilité mise à l'épreuve de la réalité

On parle tellement de RSE, ESG, CSRD ; des enjeux stratégique ou de conformité qui en découlent et je lis tellement de raccourcis sur le fond (écologique) ou sur la forme (normes, certifications) que je trouve que l’essence-même de ces sujets pourtant fondamentaux, se dissipe un peu plus chaque jour dans une cacophonie assourdissante.

A cela rajoutez les financiers qui veulent à tout prix faire rentrer toutes ces données « extra-financières » dans des lignes de valorisation € et vous obtenez un soupe anxiogène et incompréhensible pour les profanes déjà bien occupés à faire tourner leur boîte avec des soucis de recrutement, de compétitivité, d’appels d’offre, d’inflation …etc

Les éléments ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance), la RSE ou la CSRD jouent, il est vrai,  un rôle crucial dans la valeur financière à long terme d’une entreprise. Il est donc essentiel que tous les leaders et investisseurs les prennent au sérieux, sans se limiter à ceux qui occupent des postes explicitement liés à la durabilité.
Cependant, se limiter aux critères ESG/RSE/CSRD est un erreur, quel que soit le projet de l’entreprise (cession, transformation, investissements etc…)

En effet, il est crucial d’engager une démarche de durabilité vertueuse qui examine en profondeur l’ensemble des actifs incorporels et immatériels tels que la culture d’entreprise, la fidélité de la clientèle, la capacité d’innovation et d’engagement, le type de management… pour être en mesure de piloter ces facteurs susceptibles d’améliorer significativement la performance et par conséquent la valeur sur le long terme d’une entreprise (voir rapport de Rodolphe Durand sur le site de Bpifrance).

Comme pour réaliser un quatre quart en cuisine, il ne suffit pas de lister et préparer tous les ingrédients bio sur son plan de travail pour décréter qu’on cuisine : il faut vérifier la DLC de ses oeufs, respecter les étapes, préchauffer le four,  traiter chaque éléments de manière singulière pour qu’il s’incorpore aux autres (d’abord le beure et le sucre mélangé aux jaunes d’oeufs), parfumer avec de la vanille ou du citron en fonction de ses goûts, respecter le temps de cuisson tout en l’adaptant à la puissance de votre four… Essayez de tout mettre d’un coup dans votre saladier, de mélanger et de jeter la préparation au four : le résultat sera très certainement moins savoureux que si vous y aviez mis plus d’attention !

Agir en conscience change tout.

Le sens des actions d'abord, la sémantique après...

Les critères de durabilité, qu’ils soient rangés sous la désignation RSE, ESG ou CSRD et sans aborder les recueil de données chiffrées telles que les tonnes de CO2 émises ou les volumes d’eau consommées (so what ?) sont tous des critères issus du capital immatériel.

Ils représentent les moteurs, les sucres lents de la performance financière future mais sont surtout des leviers de création de valeur qui permettent de savoir si une entreprise « fait activement le bien, le beau, le vrai ». Pour que ces éléments fassent sens au niveau opérationnel, il faut en extraire les « retombées », les « synergies », les « intrications »  et s’emparer d’une longue vue prospective pour en tirer des conclusions objectives, sans biais cognitifs ni spéculation hasardeuse.

D’autant que certaines entreprises peuvent avoir plus de potentiel de création de valeur que d’autres à un instant T, mais il s’agit d’appréhender la démarche comme un continuum et non comme une classification binaire gravée dans le marbre.

Finalement, l’ESG n’est ni plus ni moins qu’un ensemble de facteurs de création de valeur à long terme, tout comme la démarche RSE ou la CRSD ou d’autres facteurs intangibles qui génèrent de la valeur sur la durée.
Ce qui est déterminant c’est de faire l’analyse, l’évaluation ou la valorisation – peu importe le terme – avec l’intention de comprendre « comment ça marche » dans une conduite d’amélioration réelle, et non avec l’intention de répondre pour répondre ou bien de cocher la bonne case.

 

"On ne peut pas résoudre un problème avec le même mode de pensée qui a généré le problème". A Einstein

Etre en mesure de répondre sincèrement et de façon objective à la question « Pour quoi faire » est incontournable avant d’engager un chantier en lien avec la durabilité du modèle d’affaires. Cela signifie développer une nouvelle façon de penser la richesse sous toute ses formes, en lien avec la vie.

Le point de départ nécessite donc de faire évoluer nos systèmes de compréhensions pour développer de nouveaux systèmes de croyances.

 Car pour réellement tirer un bénéfice d’une action orientée durabilité, il est préférable de transformer la contrainte en opportunité, pour y consacrer la réflexion, l’intelligence collective, la coopération et le temps nécessaires. 

Identifier et mettre en avant un faisceaux de preuves qui prouvent que l’entreprise passe, par exemple, d’un modèle de prédation à un modèle régénératif ne se fait pas en un claquement de doigt. Et cela vise donc bien entendu l’impact d’une entreprise sur la société au sens large et pas uniquement sur ses externalités. 

Le champs d’investigation est donc très vaste et il est aisé, étant donné l’offre pléthorique de certifications ou de labels, de céder à la facilité et de ne faire de cette démarche qu’un argumentaire de communication sans réelle substance. Pourtant, le jeu en vaut la chandelle et les recommandations issues d’une réelle analyse des engagements socio-environnementaux d’une entreprise doivent aller plus loin que « mangez moins de viande, limitez vos déplacements, privilégiez le vélo… ». (cf : recos issus de livrables réellement vus).

Pour éviter toute spéculation farfelue, créer et maintenir une homéostasie au sein des organisations, il est donc nécessaire de considérer l’ensemble du capital immatériel qui vit et évolue au sein des entreprises. Cela n’a rien de stable, de permanent, de figé. C’est l’essence même du mouvement qu’il faut capter pour être en mesure de le restituer de manière objective, juste et au plus proche de sa vérité.

Car ce qui compte, en fin de compte, c’est le chemin, ceux qui le dessinent, le façonnent, l’entretiennent et bien sûre, ceux qui l’empruntent…

Nous devons donc apprendre à évoluer avec le changement, considérant notre environnement, la nature comme vitaux à notre existence et faisant tout notre possible pour vivre en harmonie avec.

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