Où se cache la vraie valeur des entreprises ?
Le but ultime de toute entreprise issue de l’économie capitaliste est de créer de la valeur, afin d’accroître les profits, la satisfaction des clients, mais surtout d’assurer sa pérennité sur le long terme.
Or, l’économie française est aujourd’hui très largement dominée par sa valeur immatérielle (86% selon la Banque Mondiale).
Alors que des contraintes sociétales, environnementales et économiques nouvelles s’affirment au sein de la société civile nous constatons un réel décalage avec le fonctionnement des entreprises.
La perte de sens s’est généralisée et les entreprises ont de fortes difficultés à recruter, fidéliser, convaincre, mobiliser en interne comme en externe… Les modèles d’affaires doivent se transformer face à un rapport au travail qui s’est totalement modifié et un contexte anxiogène qui perdure.
Un cadre réglementaire Européen est récemment venu donner corps à la Loi Pacte via la CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive). L’objectif est de pousser les entreprises à gérer leurs impacts à travers une démarche RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises) comprenant l’analyse de critères ESG ( Critères Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance).
Nos modèles, nos système et notre économie évoluent ; la conception des richesses et de la valeur aussi.
Les richesses immatérielles sont renouvelables ; elles peuvent être développées et partagées à l'infini.
Pour rappel, le capital immatériel est la plus grande richesse de l’entreprise.
- 2/3 des investissements totaux sont immatériels selon le ministère de l’Économie ;
- 86 % de l’économie française est immatérielle selon la Banque Mondiale ;
- 75 % de la valeur des entreprises du CAC40 en 2018 repose sur l’immatériel.
Ces quelques chiffres soulignent l’importance du capital immatériel au sein de l’économie en France, mais aussi un peu partout dans le monde. Nous vous invitons à lire ces articles pour mieux comprendre de quoi il s’agit : LES ACTIFS IMMATERIELS et EVALUER SON CAPITAL IMMATERIEL LORS D’UNE DUE DILIGENCE
Ce qui est important à retenir est que la part immatérielle représente désormais une part prépondérante dans la création de valeur de l’entreprise.
Elle n’est pas mesurée en comptabilité classique, mais cet enjeu primordial est néanmoins de plus considéré.
Composition de l’indice S&P 500
Quel est l’impact d’une politique RSE sur le capital immatériel de l’entreprise ?
Mais revenons à la RSE. La RSE est un levier pour valoriser ce qui relève de l’ immatériel et donc crée de la valeur autrement que par l’approche financière. La RSE se trouve donc imbriquée au coeur même du capital immatériel. D’où la matrice de double matérialité dans la CSRD, destinée à matérialiser ce qui est immatériel sous forme d’impact mesurable.
La mise en œuvre d’une démarche RSE au sein d’une entreprise formalise en effet son engagement dans le respect des principes du développement durable, tant sur le plan environnemental que social.
Pour les grands groupes, ETI, PME cotées, la communication de données RSE est rendue obligatoire au travers le reporting de durabilité (CSRD).
De plus en plus de PME intègrent dans leur stratégie la notion de création de valeur par le prisme de la RSE. L’Ordre des Experts Comptables encourageait dès 2011 à suivre et piloter ces composantes issues de l’immatériel grâce à des indicateurs leur permettant de :
- mieux communiquer sur leurs actifs immatériels ;
- avoir une image la plus juste possible de la valeur de leur entreprise ;
- développer des outils de gestion de leur performance sur le long terme.
Outre la contrainte réglementaires, il s’agit surtout d’« investir “davantage” dans le capital humain, l’environnement et les relations avec les parties prenantes. L’ impact de l’investissement immatériel sur la croissance des entreprises et sur l’emploi a par ailleurs été traité dans une étude très détaillée.
Le constat est là : les parties prenantes de la RSE (collaborateurs, clients, fournisseurs, actionnaires ou acteurs du territoire) coïncident avec la structuration des actifs immatériels.
L’interaction entre la mise en place d’une démarche RSE et le développement du capital immatériel est donc très forte. Mais n’oublions pas que l’étendue du capital immatériel est bien plus vaste encore qu’une démarche RSE ou des critères ESG.
Comment se matérialise l'immatériel ?
Les pratiques issues de l’analyse et du pilotage des immatériels, dont les critères ESG de la RSE, impactent positivement diverses composantes stratégiques de l’entreprise, par exemple :
- des produits plus appréciés et plus responsables suite à une meilleure relation client et la prise en compte de leurs besoins ;
- une réduction des coûts du travail suite à la mise en place d’une politique santé et sécurité au travail ;
- une réduction des coûts énergétiques en construisant des bâtiments moins consommateurs en énergies ;
- une amélioration de la réputation et une augmentation des parts de marché ;
- une meilleure réponse aux appels d’offres ;
- des salariés plus engagés envers leur entreprise ;
- une culture d’entreprise et une cohésion sociale fortes ;
- une marque employeur attractive ;
- un système d’information agile et robuste à la fois ;
- une innovation dynamique…
Analyser et piloter ses richesses immatérielles permet de faire adhérer le corps social à une politique d’entreprise commune, durable ; et crée un levier de performance et de compétitivité robuste.
A contrario, les actifs immatériels se dégradent rapidement dès qu’on ne les utilise pas, un peu comme une plante qu’on oublie d’arroser ou une maison qu’on ne rénove pas. De nombreux risques entraînant une destruction de valeur peuvent alors apparaître : image de marque altérée, climat social tendu, relations conflictuelles avec les fournisseurs, les actionnaires, désengagement des équipes, coût caché du travail important (turn-over, accidents…)
Potentiel de création de valeur
RSE et Immatériels sont donc intimement liées aux processus de création de valeur de l’entreprise.
La RSE représente le préambule d’une société et d’une économie qui cherchent toutes deux à se réinventer sur le terreau fertile de l’immatériel.
La séquence EVITER–REDUIRE–COMPENSER les impacts négatifs invite à « Agir de façon responsable » en RSE. La séquence CAPTER-PILOTER-RENFORCER les actifs immatériels invite à « Créer de la valeur durable » pour Réparer l’Avenir.